Après le concert au gout d’inachevé de la dernière rencontre de la majorité autour de son autorité morale, le président Joseph Kabila, le nouveau rendez-vous pris pour le week-end prochain s’invite comme le rendez-vous de la clarification qui pourra fixer le camp toujours sur le qui-vive
La bataille est rude au sein de la Majorité présidentielle (MP). Malgré la rencontre, le 23 mars 2015 à Kingakati sur invitation du chef de l’Etat et autorité morale de la Majorité, Joseph Kabila, les violons sont encore loin de s’accorder dans la famille politique.
Des dissensions sont nettement visibles. En lieu et place d’une probable réconciliation qui devait marquer un nouveau départ au sein de la MP, l’on assiste plutôt à une attaque en règle contre « G7 », c’est-à-dire les sept partis qui ont adressé par deux fois une lettre au chef de l’Etat pour lui faire part de leurs préoccupations dans la marche de la MP. La chasse aux sorcières est quasiment lancée au sein de la Majorité. Tout est mis en place pour déstabiliser davantage et fragiliser le groupe de « frondeurs », alors qu’eux-mêmes se considèrent comme des « rénovateurs ».
C’est dans ce climat délétère que Joseph Kabila a trouvé utile de rappeler une fois de plus ses troupes autour de lui dans sa ferme de Kingakati. Des sources proches de la Majorité annoncent une réunion de la MP ce week-end à Kingakati: Comme à l’accoutumée, l’ordre du jour serait communiqué sur place. L’on prédit que la survenance au sein de la MP d’une aile progressiste devait être au centre des discussions. La dernière fois, soit le 23 mars 2015, Aubin Minaku, secrétaire général de la MP, a qui Kabila avait laissé la police de débat a eu du mal à dégager un consensus autour de grandes questions qui fondent aujourd’hui l’avenir de la MP
Sans doute, Kabila devait s’y attarder prochainement à Kingakati pour sauver ce qui reste encore de la Majorité. Le débat du 23 mars n’ayant accouché que d’une souris, Joseph Kabila devait se présenter en chef de file en dictant la nouvelle ligne de conduite. Peut-on s’attendre à ce que l’autorité morale de la MP adhère aux thèses et démarches du G7? Difficile à dire.
Toujours est-il que la dualité s’enracine au jour le jour au sein de la MP. Deux camps s’affrontent désormais. Il y a d’un côté les progressistes qui se retrouvent dans le « G7 » et les conservateurs qui ne sont prêts à aucune concession.
Un « Patrimoine commun »
Le débat promet d’être houleux ce week-end à Kingakati. De plus en plus, certains ténors délient leur langue et ne se gênent pas de défendre tout haut leur point de vue. Sous le sceau de l’anonymat, l’un d’entre eux s’est confié à notre rédaction « La Majorité, dit-il, n’appartient à aucun parti politique ». « C’est plutôt chérit-il, un patrimoine commun ». Plus direct, il demande aux autres membres de la Majorité de s’abstenir des provocations afin d’éviter une hécatombe qui serait fatale pour la survie de la Majorité. Sa voix sera-t-elle entendue de l’autre côté de la Majorité ? Ce n’est pas évident. Lors de la dernière messe de Kingakati, les « sept » étaient quasiment et physiquement placés dans le box des accusés, contraints à la défensive. En face, des flèches empoisonnées leur étaient jetées.
Pour l’instant néanmoins, la Majorité traverse une zone de fortes turbulences. C’est dans ce temps de tempêtes violentes que l’intervention de Kabila est indispensable. C’est de lui que dépend aujourd’hui la cohésion et l’unité sur lesquelles la MP a bâti toutes ses victoires depuis 2006.
Il ne faut pas oublier que c’est par des alliances bien tissées que la Majorité a engrangé toutes ses victoires. En 2006, c’est en se liant au Palu d’Antoine Gizenga et à l’Udemo de Nzanga Mobutu que la Majorité a triomphé à la présidentielle et aux législatives tant nationales que provinciales.
La même stratégie a été repiquée en 2011, en portant de nouveau Kabila à la victoire. Aujourd’hui, ça serait une grave erreur pour les ultras de la MP de se surestimer en rêvant de faire gagner la Majorité seul sans l’apport d’autres partis qui forment la galaxie MP.
De ce point de vue, la fronde qui couve au sein de la MP doit être prise de bon côté. La Majorité a intérêt a se réconcilier avec elle-même au lieu de s’investir dans une chasse à l’homme contreproductive. Malheureusement, les faucons qui ornent ses rangs de juré de livrer une bataille publique contre ceux qui ne lisent pas les événements avec les mêmes lunettes que celles de la conservation, à tout prix du pouvoir, même s’il faut marcher sur le cadavre de la Constitution du 18 février 2016.
« Patrimoine commun », les contradictions qui sont apparues en son sein devaient en principe aider la Majorité à grandir plutôt qu’ã s’émietter. Les années 2006 et 2011 sont celles de grandes victoires de la MP, il ne faut pas que l’année 2016 soit celle de son déclin.
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