Christopher Ngoyi transféré au Parquet Général de la République ! Dix griefs avancés par la Police

‘‘Christopher Ngoyi, Activiste des Droits de l’homme, est bel et bien vivant’’. 

Telle est la déclaration faite hier, mardi 10 février 2015, par le VPM Evariste Boshab, lors de la présentation officielle de cet acteur de la société civile par la Police Nationale Congolaise. A en croire cette dernière, interpellé depuis le mardi 20 janvier 2015, Christopher Ngoyi Mutamba ne l’a pas été à cause de sa qualité d’activiste des droits de l’homme ou parce qu’il a émis une opinion politique quelconque. Bien au contraire, soutient le Commissaire Remy Ekuka Lipopo qui faisait la présentation, il a plutôt été interpellé pour qu’il réponde, en qualité d’auteur ou co-auteur, des faits infractionnels graves et précis commis lors des manifestations des 19 et 20 janvier dernier dont ‘‘le but poursuivi et clairement déclaré était le renversement des institutions de la République’’. 
Dix griefs sont donc mis à charge de l’incriminé. Entre autres, l’incitation à la haine raciale, incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir, l’atteinte à la sûreté Intérieure de l’Etat. Pour le VPM et Ministre de l’Intérieur, les manifestations font partie du droit que le Gouvernement n’interdit pas. Mais, les organisateurs doivent savoir qu’à chaque droit correspond un devoir. ‘’Les manifestations ne peuvent pas signifier s’en prendre aux biens des particuliers’’, a-t-il souligné. Après donc sa présentation devant les autorités dont le VPM Boshab, les Ministres Aimé Ngoy Mukena de la Défense, Lambert Mende des Médias,… Christopher Ngoyi a été transféré au Parquet Général de la République. Pour la PNC, l’homme ne sera pas seul à devoir répondre des griefs qui sont reprochés tant aux auteurs matériels qu’aux organisateurs et auteurs intellectuels de ces manifestations. 

Il n’en est donc qu’un des premiers comparants. Découvrez, ci-après, en intégralité, la déclaration du Commissaire Général adjoint chargé de la police Judiciaire, lue par le Commissaire Remy Ekuka Lipopo, lors de sa présentation de l’inculpé, en présence de ses confrères activistes de Droits de l’Homme et des Autorités compétentes. 

Présentation par la Police Nationale Congolaise, de Sieur Christopher Ngoyi Mutamba auprès du Vice-premier Ministre, Ministre de l’Intérieur et Sécurité, à l’occasion de son transfèrement au Parquet Général de la République

  1. Excellence Monsieur le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur et Sécurité,
  2. Excellence Monsieur le Ministre de la Défense Nationale, anciens Combattants et Réinsertions,
  3. Excellence Monsieur le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux et Droits Humains,
  4. Excellence Monsieur le Ministre des Médias et Porte-parole du Gouvernement,
  5. Excellence Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire,
  6. Excellence Madame la Vice-ministre de l’Intérieur,
  7. Excellence Monsieur le Gouverneur de la Ville-province de Kinshasa,
  8. Monsieur le Commissaire Général de la Police Nationale Congolaise,
  9. Monsieur l’Administrateur Général de l’Agence Nationale de Renseignements,
  10. Monsieur le Directeur Général de la Direction Générale de Migration,

Mesdames et Messieurs,

A l’occasion de son transfèrement, ce jour, à l’office du Procureur Général de la République, nous vous présentons la personne du Sieur Christopher Ngoyi Mutamba, l’un des principaux instigateurs de l’appel à l’insurrection des 19 et 20 janvier 2015.

En effet, par jet répété des tracts, diffusion des SMS, manipulation des médias, instrumentalisation des réseaux sociaux, intoxication par le biais d’Internet fixe et Internet mobile, il fait partie des organisateurs des manifestants de rue des 19 et 20 janvier 2015, dont le but déclaré était de renverser les institutions de la République.

En outre, pour des motivations strictement politiques, des personnes qui refusent de s’inscrire dans le schéma de la démocratie, ont recherché des raccourcis éhontés, au prix des pillages, des incendies et du sang, pour se hisser au sommet du pouvoir.

Heureusement pour la Nation, dans la ville comme Kinshasa, dont les estimations démographiques oscillent entre 12 et 13 millions d’habitants, répartis sur 24 communes, ces instigateurs, responsables des troubles à l’ordre public des 19 et 20 janvier 2015, n’ont mobilisé, dans quelques communes, principalement dans celles du District du Mont-Amba, que des délinquants dont le profil n’avait rien de politique ; c’était plutôt des repris de justice, des casseurs et des pilleurs.

Ces mêmes instigateurs ont également manipulé et instrumentalisé une poignée d’éléments incontrôlés en uniforme ainsi qu’une centaine d’étudiants de l’Université de Kinshasa, Université dont l’effectif global dépasse 30.000 étudiants.

Ces troubles à l’ordre public se sont soldés par des pertes en vies humaines enregistrées et documentées (23 décès à Kinshasa et 4 à Goma), de nombreux blessés, et par des dégâts matériels importants à la suite des actes de vandalisme ayant entraîné destructions méchantes, pillages, saccages et incendies des biens publics et privés.

Sur instigations des organisateurs, les manifestants ont particulièrement visé le chaos en adoptant les modes opératoires de terroristes et des brigands, notamment brûler des pneus sur les artères afin d’y empêcher la circulation et opérer sans crainte, incendier des édifices publics, comme cela a été le cas de la Maison Communale de Ngaba où ils ont détruit toutes les archives dont celles de l’Etat-Civil, piller les biens publics et privés, s’attaquer aux postes de Police où ils ont emporté quelques armes et munitions.

Toujours sur instigation des organisateurs, les manifestants s’en sont particulièrement pris aux commerces appartenant aux ressortissants chinois, preuve non seulement d’une volonté inavouée d’indisposer nos partenaires chinois, mais aussi d’une incitation à la haine raciale préméditée.

Contrairement à la version erronée délibérément répandue dans certains milieux, particulièrement des organisations de défense des droits de l’homme, Sieur Christopher Ngoyi Mutamba n’a pas été appréhendé pour avoir exprimé une opinion politique défavorable à la révision constitutionnelle, ni au projet de Loi portant modification de la Loi Electorale de 2011.

En fait, sieur Christopher Ngoyi Mutamba a plutôt été interpellé pour avoir posé des actes répréhensibles, qu’il a reconnus sur procès-verbal, et dont ci-dessous l’énumération :

Primo, en date du 19 janvier 2015, il a été donneur d’ordres, par téléphone, aux manifestants, en leur demandant, nous citons :

« 1° de ne pas rentrer passer la nuit dans leur résidences respectives au risque de se faire facilement interpeller par les Forces de l’Ordre ;

2° De continuer à barricader les artères principales de la Capitale ;

3° de localiser et de démolir les résidences des Sénateurs et Députés Nationaux de la Majorité Présidentielle, comme l’ont été les résidences et commerces des ressortissants chinois ;

4° de poursuivre les violences jusqu’à la fuite du Chef de l’Etat, dont il n’a cité que le nom. Fin de citation.

D’après sieur Christopher Ngoyi Mutamba, le 19 janvier 2015, il n’a fait que relayer, auprès des manifestants, les appels incitant la population au pillage, aux actes de vandalisme, de destruction méchante et au renversement des institutions ; appels venant, selon lui, des organisateurs de ces manifestants ; et il s’appuie, pour le prétendre, sur les tracts ayant repris les noms de ces instigateurs parmi lesquels son nom ne figure pas.

Voici la teneur du tract auquel sieur Christopher Ngoyi Mutamba s’est référé, nous citons :

« Bana Kinshasa, ba tata, ba mamam, na bilenge, biso nyonso tozala mukolo ya yambo, lundi 1 janvier 2015 na 08h 00’ na Palais du Peuple, po tobengana mongunan ya peuple balingi bapesa Joseph Kabila mandat ya misatu po atikala po ba pasi na biso ebakisama. Boya ebele mokolo oyo po tobengana Kabila na ba Députés na ye oyo balingi atikala seseseko na bokonzi». Fin de citation.

Secundo, il a communiqué et relayé auprès des médias et des Organisations non Gouvernementales des Droits de l’Homme, tant nationales qu’internationales, un bilan délibérément repris à l’extérieur, provient, d’après sieur Christopher Ngoyi Mutamba, de l’affabulation d’un Député National, membre de l’Opposition et un des organisateurs desdites manifestations dont il a clairement cité le nom.

L’intention manifeste de ces actes constitutifs de l’infraction de propagation de faux était de ternir l’image des institutions de la RDC et de nuire aux autorités du pays.

A propos de ce faux bilan de pertes en vies humaines, nous tenons à vous informer qu’à la suite de son arrestation le 21 janvier 2015 et de la perquisition effectuée à son domicile en date du 22 janvier 2015, plusieurs documents séditieux et révélateurs à plusieurs égards ont été saisis.

Nous citerons, à titre d’illustration, un rapport manuscrit relatif à sa descente, le 21 janvier 2015, en compagnie de quelques organisateurs des troubles à l’ordre public des 19 et 20 janvier 2015, à l’Hôpital Général de Référence de Kinshasa, ex-Mama Yemo, rapport faisant état de 39 morts, alors même que sieur Christopher Ngoyi Mutamba, qui a rédigé ce rapport et qui est devant vous, a avoué avoir ainsi gonflé démesurément le bilan, sur pression desdits organisateurs ;

Tertio, parmi les documents saisis, il y a lieu de mentionner, à votre intention, quatre documents ci-après :
Un lot de tracts intitulés « Sauvons le Congo », incitant la population à la désobéissance civile et à l’insurrection, notamment en marchant sur le Palais du Peuple, siège du Parlement, pourtant légalement inviolable ;
Un document intitulé « grandes lignes du meeting du 11 janvier 2015 », dont la page 4 commence par une incitation à la haine raciale contre les ressortissants chinois vivant en RDC ;
Deux états de besoins détaillés intitulés, l’un «annexe 1» et l’autre budget du meeting sauvons la RDC du 11 janvier 2015, sollicitant le financement des activités insurrectionnelles en RDC de ces fauteurs de troubles auprès de leurs batailles des fonds.

A ce stade, les premiers résultats des investigations menées démontrent la pleine responsabilité de sieur Christopher Ngoyi Mutamba sur les conséquences criminelles des manifestations des 19 et 20 janvier 2015, responsabilité qu’il partage au titre de co-auteur avec plusieurs instigateurs, parmi lesquels certains nationaux.

Au regard des faits extrêmement graves ci-haut décrits, sieur Christopher Ngoyi Mutamba est poursuivi pour les infractions ci-après :

Incendie volontaire, infraction prévue et punie par les articles 103 et 104 du code pénal livre II ;

Destruction méchante, infraction prévue et punie par les articles 110 et 111 du code pénal livre II,

Propagation des faux bruits, infraction prévue et punie par les articles 110 et 111 du Code Pénal livre II ;

Propagande subversive, infraction prévue et punie par l’Article 1er du décret-loi du 14 janvier 1961 réprimant les propagandes subversives;

Incitation à la désobéissance civile, infraction prévue et punie par l’article 135 bis du code pénal livre II

Incitation à la haine raciale, infraction prévue et punie par l’Ordonnance-Loi n° 66-342 du 7 juin 1966 réprimant le racisme et le tribalisme en en son article 1er, alinéas 1et et 3 ;

Incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir ou à la discipline, infraction prévue et punie par l’article 88 du Code Pénal Militaire ;
Association de malfaiteurs, infraction prévue et punie par les articles 156, 157 et 158 du Code Pénal livre II ;

Attentats et complots tendant à porter le massacre, la dévastation ou le pillage, infraction prévue et punie par les articles 200 e 201 du Code Pénal Livre II ;

Atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, infraction prévue et punie par les articles 193 alinéas 2 et 195 du Code Pénal Livre II.


Mesdames et Messieurs,

Pour rappel, comme le démontrent les faits relatés ci-haut et contrairement à la version erronée délibérément répandue dans certains milieux, particulièrement des Organisations de Défense des droits de l’homme, sieur Christopher Ngoyi Mutamba n’a pas été interpellé à cause de sa qualité d’activiste des droits de l’homme ou parce qu’il a émis une opinion politique quelconque.

Bien au contraire, il a plutôt été interpellé pour qu’il réponde, en qualité d’auteur ou co-auteur, des faits infractionnels graves et précis relatés ci-haut dont le but poursuivi et clairement déclaré était le renversement des institutions de la République.

Il convient de souligner ici, comme vous l’aurez constaté, que sieur Christopher Ngoyi Mutamba ne sera pas seul à devoir répondre des griefs qui sont reprochés tant aux auteurs matériels qu’aux organisateurs et auteurs intellectuels des actes sus-évoqués. Il n’en est donc que parmi les premiers comparants.

Kinshasa, le 11/02/2014 (L'Observateur, Via Paparazzi Info Rdcongo)

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