PARIS : LE GOUVERNEMENT VEUT DISSIPER LES MALENTENDUS APRES LES VIOLENCES MEURTRIÈRES
Le message se veut clair :
la République démocratique du Congo (RDC) n'est pas le Burkina Faso. « Il
n'existe aucun parallèle » entre le président de la RDC, Joseph Kabila
(quarante-trois ans), qui a succédé en janvier 2001 à son père Laurent-Désiré
assassiné et a été élu en 2006 puis réélu en 2011, et Blaise Compaoré, renversé
pour avoir voulu modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir qu'il
occupait depuis vingt-sept ans après un coup d'Etat.
Le ministre de la Communication
et Médias de la RDC, Lambert Mende Omalanga, est venu à Paris pour s'efforcer
de dissiper des malentendus après les violences de la semaine dernière à
Kinshasa et dans plusieurs villes de province. A l'origine de ces
manifestations, qui selon le gouvernement auraient fait 13 morts et selon des
ONG 42, un article d'un projet de réforme de la Constitution qui sous-tendait
l'organisation d'un recensement national. Un processus qui, selon des
opposants, aurait pu retarder considérablement les élections présidentielles
prévues pour 2016.
Dimanche dernier, dans un clair
signe d'apaisement, la majorité présidentielle a décidé de faire adopter au
Parlement une nouvelle loi électorale expurgée de la disposition contestée.
Lors d'un entretien à Paris avec « Les Echos », le ministre a été
formel : « Il n'existe aucun document, aucune déclaration selon
laquelle le président Kabila entend modifier la Constitution pour se maintenir
au pouvoir. » Pour répondre à l'opposition, qui exige la publication d'un
calendrier des scrutins, Lambert Mende, également porte-parole du gouvernement,
a affirmé que ce n'est pas le président qui fixe la date des élections qui
devront se tenir 90 jours avant la fin 2016 selon la Constitution, mais la
Commission nationale indépendante. Il a également justifié la décision du
gouvernement de suspendre les réseaux sociaux, l'Internet mobile et la
diffusion même de RFI, pour des raisons de sécurité. « Nous avons frôlé la
guerre civile » parce que des médias ont diffusé de fausses informations
selon lesquelles le président Kabila allait se représenter, a-t-il dit.
Derrière se profile, en fait, la
question de la succession de Joseph Kabila, dans un pays qui a été miné par
plusieurs guerres dans le Kivu et dans le Grand Nord contre des rébellions.
« Ce que veut Kabila, c'est éviter d'ouvrir une guerre de succession car
il veut poursuivre son projet de reconstruction », a affirmé le
porte-parole. Mais, pour le ministre, il est difficile d'imaginer une
transition sans un rôle de Kabila. L'irrédentisme au Katanga peut toujours
reprendre, fait-il valoir. Or Kabila est originaire de cette province ;
est-ce suffisant pour rassurer l'opposition ?
Commentaires