LOI ÉLECTORALE EN RDC: HEURTS A KINSHASA, BUKAVU ET GOMA
La situation est très tendue ce
lundi à Kinshasa alors que la loi électorale, très controversée dans le pays,
doit être examinée dans la journée au Sénat, après son adoption à l'Assemblée
vendredi. Depuis ce matin, le moindre rassemblement est systématiquement
dispersé par la police, parfois de façon violente. Les forces de l’ordre ont
même tiré à balle réelle sur les manifestants.
Selon les premières informations recueillies par RFI, une personne a été blessée par balle. Elle a été touchée à l’épaule et est actuellement prise en charge à l’hôpital. Plusieurs autres sources font état d’autres blessés par balle du côté de l’université de Kinshasa (UNIKIN) ainsi que dans différents quartiers du centre-ville où la police empêche depuis ce matin la population de manifester.
La situation n'est pas moins calme dans le centre-ville. Les activités commerciales ont tourné au ralenti. Les étals au Grand Marché de Kinshasa étaient presque vides, a constaté un reporter de Radio Okapi vers 11 heures locales. Plusieurs magasins sont fermés. Certains employés ont tout de même pu joindre leurs bureaux à Gombe.
Près du Parlement, le moindre rassemblement est là aussi systématiquement dispersé par des grenades de gaz lacrymogènes, mais également par des tirs à balle réelle. En face, les manifestants jettent des pierres. Le quartier autour de l’Assemblée nationale est totalement bouclé par des centaines de policiers et des militaires, notamment la garde présidentielle. Les sièges de trois partis d’opposition, dont l'UNC de Vital Kemerhe, sont eux aussi bloqués et inaccessibles. Même aux journalistes qui ont été menacés à plusieurs reprises par des éléments des forces de l’ordre.
Selon la radio onusienne Okapi, plusieurs écoles sont désertées ce lundi à Kinshasa. Enseignants et élèves sont restés à la maison. Certains élèves qui se sont rendus dans leurs écoles ont été priés de retourner chez eux.
Le gouvernement, de son côté, confirme que l’ordre a bien été donné de disperser les manifestants « pour les empêcher d’atteindre l’Assemblée nationale » au nom « de l’inviolabilité du Parlement ». « Les manifestations sont interdites dans cette enceinte », affirme le porte-parole du gouvernement. Mais Lambert Mende précise que les incidents qui ont eu lieu dans le reste de la ville n’ont pas de lien, selon lui, avec cette manifestation de l’opposition : « Il y a eu effectivement quelques débordements avec des cas de pillages dans les quartiers périphériques où la police, je pense, a mis bon ordre », ajoutant qu’il n’y a « aucun tir à balle réelle qui a été signalé, et nous savons nos amis très prompts à dramatiser les choses pour nous mettre en difficulté. »
Incidents à Goma et Buvu
Des incidents ont aussi été
signalés à Goma, dans l’est du pays , à la frontière avec le Rwanda. Dans la
ville, les forces de l’ordre ont dispersé les attroupements à coups de gaz
lacrymogènes. Des tirs ont été entendus , un journaliste de Reuters a vu deux
personnes au sol, touchées par balles. Il y aurait également eu plusieurs
arrestations.
Dans un communiqué, l'Union pour la Nation congolaise (UNC), troisième parti d'opposition au Parlement, a dénoncé le déploiement des policiers autour de son quartier général, où son président Vital Kamerhe se trouvait confiné lundi. Il y serait avec l'opposant Jean-Claude Muyambo.
Ancien président de l'Assemblée nationale et ex-proche allié de M. Kabila, M. Kamerhe est aujourd'hui un de ses opposants les plus bruyants.
A Bukavu, son fief du Sud-Kivu, dans l'est du pays, près de 200 manifestants étaient dans la rue vers 13h00 (12h00 HB) pour demander sa "relaxation rapide", a constaté un correspondant de l'AFP.
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