Prolongation du mandat de Joseph Kabila : Yves Kisombe dévoile le pot aux roses
Les langues commencent à se
délier au sujet de la prolongation du mandat de l’actuel chef de l’Etat. Ceux
qui doutaient encore ou qui prenaient les manifestations pacifiques de
l’Opposition pour une fuite en avant car craignant les élections, doivent
revoir leurs calculs et se rendre à l’évidence que ce plan existe et repose sur
des éléments que l’on avait négligés et sur lesquels la majorité va asseoir son
argumentaire à la veille des échéances présidentielle et législatives de 2016
conformément à la Constitution encore en vigueur.
Si les grands responsables de la
famille politique du Chef de l’Etat ne ratent pas une occasion pour rejeter les
accusations formulées par les partis de l’Opposition ainsi que les hommes de
bonne volonté qui flairent un énième coup fourré destiné à prolonger le mandat
de Joseph Kabila au-delà du délai constitutionnel, des voix commencent à
dévoiler la stratégie qui sera mise en oeuvre à l’approche de la date butoir
pour l’organisation et la tenue des élections présidentielle et législatives en
2016.
Les téléspectateurs qui ont eu à
suivre le lundi dernier 12 janvier la sortie médiatique de Yves Kisombe, ancien
cadre et député du MLC qui a traversé la rue sans crier gare au lendemain des
élections de 2011, doivent s’être mordu les doigts. Celui qui passe pour l’un
des enfants terribles de la MP n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour
déclarer haut et fort que des institutions comme le Sénat actuel, les assemblées
provinciales et les gouverneurs en fonctions ont largement dépassé les délais
impartis par le législateur pour leurs mandats électifs obtenus depuis 2006. Le
ciel ne nous est tout de même pas tombé sur la tête, a-t-il signalé
pince-sans-rire, avant d’ajouter sourire en coin que ni la majorité, ni
l’opposition et encore moins la communauté internationale n’a osé crier à la
violation de la Constitution.
Cette profession de foi n’est pas
le fruit du hasard ni d’un lapsus linguae et encore moins d’une génération
spontanée. Elle procède d’une stratégie concoctée depuis 2006 dans les
officines de la MP qui s’étaient rendu compte que les forces politiques et
sociales allaient braquer leur attention sur les élections présidentielle et
législatives de novembre 2011 sans se soucier le moins du monde des élections
provinciales qui pourtant étaient destinée à élire au second degré les
sénateurs et les gouverneurs des onze provinces de la République. Ces stratèges
savaient que les acteurs sociopolitiques, les électeurs et la communauté
internationale passeraient l’essentiel de leur temps à palabrer sur les
tripatouillages des résultats. Comme le dit un adage populaire, qui veut aller
loin ménage sa monture. Cette stratégie a fait boule car les stratèges de la MP
voyaient déjà plus loin que tout le monde.
Un coup fourré préparé depuis
2006
On vient ainsi de prendre
connaissance, grâce à Yves Kisombe, du plan de prolongation du mandat de Joseph
Kabila sans pour autant toucher à la Constitution comme s’en vantent la plupart
des leaders des partis de cette plate-forme politique. Comme éléments de leur
stratégie, ils avancent des motifs juridiques de nature à ne pas organiser les
élections conformément au délai constitutionnel. C’est suite à des difficultés
matérielles, financières et sécuritaires que les élections provinciales ne se
sont pas tenues en 2011, a fait savoir Yves Kisombe. Le décor est déjà planté.
Tout d’abord la révision de la loi électorale qui a failli faire sauter hier le
Palais du Peuple et sur laquelle s’accroche becs et ongles la majorité
présidentielle quel qu’en soit le prix, ne vise rien d’autre qu’à conditionner
l’organisation et la tenue des élections présidentielle et législatives à la
publication des résultats du recensement général des populations congolaises.
Or, comme on le sait l’ONIP ou
l’Office National de l’Identification des Populations ne pourra pas organiser
le recensement général alors qu’il ne reste plus que 22 mois qui nous séparent
de la date butoir du 19 décembre 2016. Selon toutes les études réalisées au
niveau des organismes spécialisés dans ce domaine, il faudrait au moins quatre
ans pour organiser ce recensement général au regard de l’immensité du
territoire congolais aux dimensions continentales, à l’état désastreux des
voies de communication, à l’absence criante des infrastructures administratives
sur la majeure partie du pays et surtout à l’insécurité délibérément entretenue
à travers les territoires de l’Est pour les besoins de cette cause.
Comme quoi, la majorité
présidentielle dispose de nombreuses cartes dans ses manchettes pour sa
stratégie de conservation du pouvoir sans pour autant procéder à la révision de
la Constitution.
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