LOI ÉLECTORALE VIENT D’ETRE ADOPTE : LES 10 NOUVEAUTÉS QUI POURRAIENT TOUT CHANGER
Depuis le dépôt du projet de loi
modifiant la loi électorale en RDC, on assiste à une levée de boucliers au sein
de l'opposition congolaise. Cette dernière appelle la population à s'opposer à
ce qu'elle considère comme une "tentative de prolonger le mandat du
président Joseph Kabila". Mais que dit vraiment le texte ? Décryptage en
dix points.
Pour le moment, rien n'est encore
acquis. Le projet de loi controversé modifiant la loi électorale en RDC, à
l'origine de trois jours de violences à Kinshasa et dans d'autres villes du
pays depuis le 19 janvier, doit encore être adopté par le Sénat, puis par les
deux chambres du Parlement à l'issue d'une commission paritaire. Et si
d'aventure les sénateurs rejetaient le texte vendredi, le gouvernement serait
obligé de revoir prestement sa copie.
Mais que reproche-t-on à ce
projet de loi ? Et surtout, quels changements ou innovations celui-ci
apporte-t-il dans l'organisation des scrutins en RDC ? Au regard du texte
adopté le 17 janvier par l'Assemblée nationale, voici les dix principales
nouveautés à relever :
1. Les Congolais résidant à
l'étranger pourront (enfin) voter
En 2006 et en 2011, les Congolais
se trouvant à l'étranger le jour du scrutin ne pouvaient pas voter, l'une des
conditions pour être électeur étant la présence sur le territoire national. Une
obligation retirée dans le projet de loi qui ouvre désormais le droit de vote –
uniquement pour l'élection présidentielle - aux Congolais résidant à
l'étranger, du moins s'ils disposent d'une carte d'identité et d'une carte
consulaire.
2. Le recensement, préalable
exigé pour l'organisation des futurs scrutins
C'est LA modification qui divise
la classe politique congolaise. Dans le projet de loi, il est prévu que la
liste électorale soit "actualisée en tenant compte de l'évolution des
données démographiques et de l'identification de la population". Une
incise qui conditionne la tenue des prochains scrutins présidentiel et
législatifs, en l'occurrence, à l'organisation préalable du recensement général
dans le pays.
Désormais, pour l'élection des
députés nationaux par exemple, le nombre des sièges à pourvoir dans chaque
province ne sera plus déterminé par le nombre des électeurs enrôlés de la
circonscription considérée, mais suivant "les données démographiques
actualisées".
3. Le fichier électoral doit être
disponible sur internet
Contrairement à la loi électorale
en vigueur, le projet de loi en cours d'examen au Parlement fait également
obligation à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) de
"[rendre] disponible sur [son] site internet" le fichier électoral
national.
4. Un parti doit être agréé au
plus tard 12 mois avant l'enregistrement des candidatures
Les transfuges politiques de
dernière minute sont prévenus. Si le projet de loi est adopté, ils ne pourront
plus se présenter aux élections sous l'étiquette d'un parti créé à la veille du
scrutin. Désormais, les formations politiques nouvellement constituées doivent
être agréés par le ministère de l'Intérieur au moins 12 mois avant le début de
l'enregistrement des candidatures. Ce délai est réduit à trois mois pour les
regroupements politiques.
5. Les Congolais ne pourront
voter que le dimanche ou un jour férié
Si les jours de vote sont laissés
à la discrétion de la Ceni, cette dernière est néanmoins tenue, pour le scrutin
direct (la présidentielle et les législatives notamment), d'organiser
l'élection le dimanche ou un jour férié, entre 6 heures et 17 heures.
6. Les amendes sont revues à la
hausse
Plusieurs amendes à l'encontre de
ceux qui perturberaient le bon déroulement du scrutin ont été majorées. Une
somme maximum de 500 000 francs congolais (environ 540 dollars), par exemple,
pour un membre de bureau de vote qui retarde ou interrompt le déroulement du
vote.
7. Un diplôme de licence (Bac +
5) obligatoire pour être candidat à la présidentielle
Si le projet de loi passe, le
diplôme de graduat (Bac + 3) ne suffira plus – comme ce fut le cas en 2006 et
2011 – pour postuler à la magistrature suprême en RDC. Le candidat à la
présidentielle devra disposer d'un diplôme sanctionnant cinq années d'études
universitaires (niveau licence en RDC). À défaut, il devra justifier d'une
"expérience professionnelle d'au moins cinq ans dans le domaine politique
ou administratif".
8. Une caution de plus de 100 000
dollars doit accompagner une candidature à la présidentielle
Avec le projet de loi modifiant
certaines dispositions de la loi électorale, la caution non remboursable pour
tout candidat à la présidentielle a été doublée. Elle passe de 50 à 100
millions de francs congolais, soit environ 108 000 dollars américains. Une
façon de décourager la multiplication des candidatures fantaisistes, selon le
gouvernement congolais.
9. La parité homme-femme est
souhaitée dans les bureaux de vote
Dans le projet de loi, il est
demandé à la Ceni de "[tenir] compte de la parité homme-femme" dans
la composition de ses bureaux de vote éparpillés dans l'ensemble du territoire
national. La loi électorale en vigueur est muette sur la question.
10. Des témoins seront associés à
l'acheminement des bulletins de vote
Pour "mieux garantir la
vérité des urnes", dans son projet de loi, le gouvernement autorise les
témoins, "qui en font la demande", à accompagner l'acheminement des
bulletins de vote au centre de compilation.
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