AUBIN MINAKU, ‘‘NOUS N’AVONS PAS ET NOUS N’ALLONS PAS CHANGER LA CONSTITUTION’’
La journée d’hier, lundi 12
janvier 2015, restera à jamais gravée dans les anales de l’histoire de la
République Démocratique du Congo. En ce sens qu’elle a été marquée, à
l’Assemblée nationale, par l’examen du projet de loi modifiant et complétant la
loi n°06/006 du 09 mars 2006 telle que modifiée par la loi n°11/003 du 25
juin 2011 portant organisation des élections présidentielle, législatives,
provinciales, urbaines, municipales et locales. Projet, faut-il le rappeler,
qui crée des soulèvements du côté de l’opposition parlementaire et
extraparlementaire.
Prévue à 14 heures, cette séance
plénière a débuté à 15 heures, sous une forte pression de l’opposition qui
voulait, a tout prix, empêché le débat général sur cette matière qui, pour
elle, est un prétexte pour la majorité présidentielle de faire un glissement en
vue de prolonger tacitement le mandat du Président de la République au-delà de
2016.
Les opposants se sont amenés avec
des sifflets. Objectif, empêcher non seulement le Vice-premier Ministre et Ministre
de l’Intérieur de présenter le projet de loi, mais aussi aux Députés
intervenants de ne pas s’exprimer. Au regard de ce tohubohu, Aubin Minaku a
pris le peuple congolais à témoin, avant d’assurer que l’objectif est
d’organiser les élections dans toute l’étendue de la République Démocratique du
Congo avant d’appeler les journalistes de prendre toutes les images, pour
démontrer à la face du monde que la RDC est un état démocratique. ‘’ Peuple
Congolais, vous qui avez l’occasion de nous suivre dans des postes téléviseurs,
vous voyez tous ce qui se passe ici.
Je tiens à vous rassurer que cette loi a
pour objectif d’organiser toutes les élections prévues dans notre constitution.
Nous n’avons pas modifié la constitution et nous n’allons pas la modifier’’, a
dit le speaker de l’assemblée nationale. Six membres du Gouvernement ont pris
part aux travaux de l’assemblée nationale.
Il s’agit du Vice-premier Ministre
et Ministre de l’Intérieur et Sécurité ; des Ministres des affaires
étrangères, des relations avec le parlement, des communications et médias, le
Ministre de la jeunesse et sports, la vice-ministre à l’Intérieur. Malgré la
manifestation des opposants que Minaku a laissé faire, Evariste Boshab a quand
même présenté ledit projet de loi.
Pour le Patron de l’Intérieur, cette loi a
pour objectif d’Organiser l’enregistrement permanent des électeurs en
lieu et place de l’enregistrement périodique ; rendre le processus
électoral plus transparent, de l’inscription sur les listes électorales à la
proclamation des résultats, en passant par les opérations de vote, de
dépouillement et de compilation ; renforcer la traçabilité des résultats
de vote et documenter amplement la phase du contentieux ; garantir une
plus grande implication des parties prenantes au processus électoral dans la
promotion de l’intégrité électorale. Par ailleurs, ce projet de loi apporte
aussi des innovations qui, faut-il le dire, contribue au renforcement de la
transparence du processus électoral.
Notamment, le renforcement des pouvoirs du
Ministère public et du juge dans le contentieux de la nullité de candidature
pour des raisons d’ordre public ; du renforcement de la sanction pénale
pour quiconque participerait directement ou indirectement à l’entreprise
d’altération des résultats ; la constitution d’une procédure
administrative efficace et opérationnelle dans la mise en œuvre de la preuve
par l’organisation d’un meilleur tracé de la production et du contrôle de
résultats ; l’ajout de l’autorité administrative locale parmi les
destinataires des fiches et procès-verbaux des résultats électoraux pour
affichage selon les modalités fixées par la CENI ; l’organisation du droit
d’accès plus large des partis et candidats aux listes des électeurs ; la
publication des listes électorales définitives portant assignation des
électeurs dans des bureaux de vote identifiables par l’adresse du site de vote
et sa localisation ; la majoration des frais de dépôt de candidature afin
de lutter contre la multiplicité des candidatures fantaisistes ; l’approche
genre aussi bien dans l’établissement des listes électorales que dans
l’attribution des sièges ; etc.
Le débat
C’est dans une salle pleine de
sifflets, que le Président de la chambre basse a ouvert le débat général sur le
dit projet de loi électorale. Plusieurs élus se sont succédés du haut de la
tribune pour faire entendre leurs voix sur l’organisation des prochaines
élections.
Selon l’Honorable Kaswenda,
«cette loi va mettre fin aux rumeurs. Il n’est pas question de réviser la
constitution. Si nous regardons les choses en face, nous allons nous rendre
compte que c’est seulement le Président de la République et les Députés qui
travaillent sous mandat. Tous les autres notamment, les Sénateurs et les
Députés provinciaux, même les Gouverneurs sont hors mandat. D’où, la nécessité
d’organiser les élections». Seule femme à s’exprimer, Vicky Katumwa a insisté
sur le fait que les prérogatives d’organiser toutes les élections doit revenir
à la Commission Electorale Nationale Indépendante.
Bitakwira et Nzangi dans la salle
Alors que les groupes
parlementaires de l’opposition avaient prévu de ne pas prendre part à toute
séance plénière qui aura comme ordre du jour le débat sur la loi électorale,
deux Députés de l’Opposition ont demandé la parole lors du débat général. Il
s’agit des Honorables Justin Bitakwira de l’UNC et Antoine Nzangi du MLC. ‘’Mon
combat a toujours été de privilégier l’indépendance d’esprit. Je veux commencer
par un adage africain qui dit ceci : quand vous acceptez de vous faire
coiffer dans l’obscurité, veuillez renoncer à vos oreilles».
Nous n’avons qu’un
seul pays, et personne ne peut se prévaloir l’aimer plus que l’autre’’, a
déclaré Bitakwira. Pour sa part, l’Honorable Antoine Nzangi a voulu savoir
pourquoi la revue à la hausse de frais de dépôt de candidature qui sont
non remboursables. Avant de conclure son propos, cet élu de l’Equateur a fait
savoir que ‘’l’initiative de la révision de la loi électorale est venue de
l’opposition. Je suis désolé’’.
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